La résidence de samouraï de Matsue | Vie quotidienne d’un guerrier

Située au milieu de la rue historique Shiomi Nawate, tout près du Château de Matsue, l’ancienne résidence de samouraï (buke yashiki) fut habitée durant plus de deux siècles par des guerriers au service du fief de Matsue. Très bien conservée et rénovée en 2018, elle est aujourd’hui entièrement ouverte au public. Ce lieu historique est parsemé d’objets de la vie courante, permettant ainsi de comprendre ce qu’était réellement la vie quotidienne d’un samouraï durant l’époque Edo.

La grande porte depuis la rue Shiomi Nawate

Cette bâtisse entièrement en bois fut construite au milieu du 18ème siècle le long de la rue Shiomi Nawate, un quartier à l’époque réservé aux guerriers de rang intermédiaire. Les samouraïs étaient en effet des professionnels de la guerre, recevant de leur fief un sorte de salaire, et à Matsue comme dans d’autres grandes villes, des secteurs bien précis étaient attribués à chaque classe sociale.

Plusieurs familles de guerriers ont habité ici, la plus célèbre étant la famille Shiomi, qui a donné son nom à la rue historique.

Vue du côté rue avec l’entrée principale.

Le plan de la demeure marque une nette séparation entre la vie officielle et publique du guerrier, et la vie privée. On distingue ainsi trois parties bien distinctes : 1️⃣la cuisine, qui était avant tout fréquentée par le personnel de maison, 2️⃣le grand salon et les pièces adjacentes côté rue, pour les activités officielles, et enfin 3️⃣toute la moitié nord du bâtiment, côté colline, dédiée à la vie quotidienne du samouraï et de sa famille.

Plan du bâtiment.

La cuisine est situé dans un des coins de la demeure, côté rue afin de faciliter les déplacements. N’étant pas un lieu de vie à proprement parler, elle n’est pas en tatami, et la partie « basse » est en terre battue.

Un partie de la cuisine avec une espèce d’évier en pierre au sol.

L’énorme pot à pâte miso.

En plus de nombreux ustensiles d’époque, on y trouve deux « kamado« , des fours traditionnels qui servaient à cuire toutes sortes d’aliments, dont le riz. Des kamado sont encore utilisés de nos jours dans certaines vieilles maisons, souvent à la campagne.

Les deux kamado.

Remarquez aussi le grand mortier, qui servait à fabriquer du gâteau de riz gluant « mochi » :

Une meule actionnée à la main.

« Euhh… c’est quoi la grande bassine en bois dans le coin sombre de la cuisine? »

C’est la baignoire! Elle est située ici pour une raison bien simple : l’eau du bain était chauffée dans les kamado et déversée directement dans la bassine.

Enlevez maintenant vos chaussures et entrez dans les lieux de vie par la porte principale.

Vue depuis l’entrée principale.

La visite continue avec les salles réservées à la vie publique. Cette partie était à l’époque accessible via une entrée séparée, qui était réservée aux seuls invités de marque. Votre serviteur est au regret de vous informer que vous ne pourrez pas emprunter ce passage, à moins que vous apparteniez à une famille de guerriers japonais de haut rang! 😛

L’entrée des invités de marque.

L’entrée donne sur une espèce d’antichambre, où trône un superbe paravent sur lequel est peint le plan du Château de Matsue, tout proche :

Le grand salon, finement décoré, est la pièce principale de la résidence. C’est là où le maître de maison recevait ses supérieurs ainsi que ses propres vassaux et serviteurs, là où il donnait des ordres, etc. Bref, on peut considérer ce lieu comme le « bureau » de travail de ce guerrier professionnel.

Le samouraï donnant des ordres.

L’entrée est à droite, le grand salon à gauche.

On passe ensuite de l’autre coté du bâtiment, dans les appartements privés. Ces différentes pièces donnant sur la colline sont plus sobres que les précédentes. On passe d’abord par la chambre des enfants :

Une boite de cartes à jouer et une toupie décorent l’alcôve.

La chambre suivante est celle du maître de maison. On y trouve notamment une boite à livres en bois, un repose pipe traditionnel, et une vasque en métal dans laquelle on disposait du charbon incandescent, sorte de chauffage rudimentaire :

Certains meubles de la pièce sont destinés à stocker des armes. Le guerrier se devait en effet d’équiper les hommes sous son commandement en cas de guerre.
Vous remarquerez que d’une manière générale on trouve peu de meubles dans la résidence. C’est là une des particularité des maisons traditionnelles au Japon : la plupart des biens sont stockés dans une remise extérieure que l’on appelle « kura« , et l’on ne sort dans les différentes pièces que ce dont on a besoin, en fonction des saisons. De nos jours encore, on peut voir de nombreux kura dans les campagnes japonaises et même parfois en ville, bien que leur usage ne soit plus toujours le même qu’autrefois.

La chambre suivante est celle de l’épouse du guerrier, dans laquelle sont exposés des ustensiles de maquillage :

Le reste du bâtiment est constitué de plusieurs petites pièces, dont notamment un espace réservé à l’autel bouddhiste dédié aux ancêtres. On trouve également une délicate « salle de thé » (茶の間 cha no ma), entièrement réservée à la cérémonie du thé.

L’entré de la salle de thé.

Cet élément architectural était commun dans les résidence de guerrier à Matsue car Matsudaïra Harusato, dit « Fumai », l’un des seigneurs du fief durant l’époque féodale, avait introduit cette pratique ancestrale en ville et l’avait propagée parmi ses vassaux. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’à nos jours, faisant de Matsue l’une des « trois villes du thé » du Japon. Plus d’infos ici : Matsue, « ville du thé et des wagashi ».

Le décrochement à droite accueille l’autel des ancêtres et la salle de thé.

Après avoir visité l’intérieur, faites un tour à l’extérieur autour du bâtiment.

Les appartements à droite, l’annexe à gauche.

Un puits se trouve à côté de l’entrée arrière de la cuisine :

Près de cette entrée, un gros pot est encastré dans le mur, moitié à l’intérieur, moitié à l’extérieur :

Ce système simple mais judicieux permettait de remplir la réserve d’eau de la maison facilement, directement depuis l’extérieur!

À la fin de la visite, un petit salon de thé/magasin de souvenirs situé à l’écart du bâtiment principal permet de faire une pause au calme :

Entrée du salon de thé.

Il y a également une petite salle de repos près de l’entrée.

Enfin, mentionnons le long bâtiment qui fait office de séparation entre la rue et la résidence. C’est ce qu’on appelle en japonais un nagayamon (長屋門), littéralement « longue salle porte », dans lequel vivaient les serviteurs, et qui servait de système de défense en cas d’attaque extérieure.

Une des pièces du nagayamon, on distingue les douves du château à l’extérieur.

Il n’y a malheureusement pas de documentation en français dans la résidence de samouraï, mais les anglophones trouveront de nombreux panneaux explicatifs dans la langue de Shakespeare tout au long de la visite.

Panneau explicatif en japonais, anglais, chinois, coréen.

Infos pratiques

Accès
Au milieu de la rue Shiomi Nawate, tout près du Château de Matsue. Position précise ICI.
En bus touristique Lakeline, descendez à l’arrêt n° 9 ou 10, carte de la ligne ICI.

Horaires
Avril-Septembre : de 8h30 à 18h30 (dernière entrée à 18h00)
Octobre-Mars : de 8h30 à 17h (dernière entrée à 16h30)

Tarifs
Adulte : 210¥ (après réduction pour visiteurs étrangers)

On trouve à proximité :

La rue Shiomi Nawate, dont d’autres bâtiments sont visitables
Le pavillon de thé Meimei-an
Le Château de Matsue
Le Musée d’Histoire de Matsue
Le sanctuaire Inari-jinja
Les bâteaux de plaisance sur les douves